Jean Doublet, “Ce leger enfant Amour”, 1559
“Dudit Anacreon.”
Texte
Ce leger enfant Amour,
Cueillant des roses un jour,
N’aperceut point une abeille
Dormant en la plus vermeille,
Qui d’aiguillion inhumain,
Au bout d’un doigt de la main
Lui lança pointure amere.
Il s’écrie, et en Cithére
“A l’heure, à l’heure volé,
Or suis-je, mere, afollé,
Afollé suis-je à cette heure”,
Dit-il, “et faut que j’en meure.
Un petit serpent volant,
(Ces ruraus vont l’appellant
Mouche à miel, ô fausse mouche !)
M’a donné ceste écarmouche”.
Venus souriant adonq,
“Si telle pointure donq,
Si atteinte, si dépite,
Vient d’une mouche petite,
Quel mal, mon fils, cuides-tu
Fasse ton long trait pointu ?”
Source : Elégies, 1559.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Enola Dutour (30 mars 2024). Jean Doublet, “Ce leger enfant Amour”, 1559. Fleur des Tanneurs. Consulté le 7 octobre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/w4xw